Histoire des
3 Châteaux
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La chapelle Médiévale
Il semble hasardeux de penser que dès l’époque gauloise, une communauté villageoise ait pu être implantée durablement et sur un lieu défini, malgré les quelques débris de poterie recueillis sur les pentes de Puy Maurel.
A ce moment, un bref rappel historique me paraît nécessaire afin de situer Jarjayes dans le contexte de l’époque.
Le territoire était alors occupé par les Caturiges, peuplade celtique confédérée dans l’orbite romaine au cours du Ier siècle de notre ère. Maîtres des vallées alpines, les romains commencèrent la construction de voies de communication, l’une des plus importante fut nommée « voie cottienne » en l’honneur de Julius Cottius qui avait entrepris cette tache, elle avait pour but de relier Turin à Sisteron. Le territoire traversé constitua la province romaine des Alpes cottiennes, devenu plus tard Alpes maritimes (de Briançon à Nice) dont la capitale était : Embrun C’est vraisemblablement au cours de cette période de développement qu’un habitat plus important s’est installé sur le « plateau de St.Pierre » comme le prouvent les monnaies de Néron, les tombes en dalles, et des débris de tuiles … découverts sur ce lieu.
An 381, Gap devient cité
Un décret de l’empereur Gratien du 5 septembre 381 promut Gap au rang de Cité et peu à peu le christianisme s’installa, ce qui conduisit les habitants de Jarjayes à bâtir une église toujours en ce même lieu de St.Pierre, entourée du cimetière, conformément au pontifical romain.
La désintégration puis la chute de l’Empire Romain (476) fit passer le gapençais aux mains des envahisseurs germaniques Ostrogoths, Burgondes et Francs. Les siècles passèrent sans qu’aucun texte ne permette d’identifier la moindre activité du village. Il faut attendre 928 pour trouver une donation mentionnant une terre nommée gargaia » et en 1118 une bulle pontificale confirme l’existence d’une église paroissiale sous le vocable de St.Pierre.
Entre temps, les habitants quittèrent leur ancien village de St.Pierre pour aller ’établir plus au sud, sur un mamelon se terminant par un rocher escarpé dominant la vallée de l’Avance et celle de la Durance, se protégeant ainsi des invasions et des troubles qui agitèrent le début de la féodalité.
La nouvelle construction fut entourée de murailles, ces fortifications partaient de l’endroit appelé « la frache » formant sur les flancs du côteau comme une demi ceinture, et venait aboutir au lieu appelé « porte d’aurouse » Sur la face sud du mamelon, en léger contrebas du roc, fut construit un château ; d’où le nom du lieu « tréchatel » qui signifie «derrière le château» et non : trois châteaux comme on le dit encore aujourd’hui. Ce nouveau village est qualifié de « castrum » c’est-à-dire : lieu fortifié. « Attenante au château, se trouvait la chapelle seigneuriale, sous le vocable de St.Thomas et St.Restitut » (ce patronyme peu courant est aussi porté par une petite ville de la Drôme, ce saint fut le premier évêque de St.Paul-Trois-Châteaux, localité située dans la Drôme). Un texte relatant l’état ecclésial signale qu’il y avait une seconde église dédiée à St.Thomas en 1190. Cette mention confirme donc la présence d’un autre lieu de culte, en plus de St.Pierre.
« L’édifice mesurait 16 mètres de longueur sur 6 de largeur, était voûté en berceau à arc légèrement surbaissé, avec une abside carrée percée de deux fenêtres, le sol était pavé de dalles.». Ce sont ces extraits qui nous permettent une identification probable de l’église. Toutefois, l’église paroissiale du village reste celle de St.Pierre (où se trouve le cimetière aujourd’hui) puisque Jarjayes était divisé en quatre quartiers » : Le Villard, la Charrière, Puy Maurel et St.Pierre. En 1516, l’état ecclésial nous apprend que la paroisse de Jarjayes comprend des chapelles sous le titre de St.Martin et Ste Madeleine, sans doute origine des noms de lieux actuels. Le territoire paraît donc très christianisé et les habitants sont considérés comme de « bons catholiques ».
Cette situation sera troublée par les guerres de religions de la deuxième partie du
XVI ème siècle. Plus généralement le Dauphiné va connaître une période très confuse, chargée de désordres, de conflits, de massacres. Dans le cadre de cet exposé, il n’est pas possible d’en relater le déroulement.
Toutefois, ce qui est important pour Jarjayes, c’est que le XVI ème siècle marque la fin du village fortifié, l’abandon progressif du rocher escarpé pour une lente descente de la population et des constructions vers le lieu qui deviendra peu à peu le village actuel.
Depuis le XI ème siècle Jarjayes était devenu une seigneurie, puis divisée en plusieurs coseigneuries partagées entre quelques familles dont l’une des plus importantes avait pour nom : Flotte.
C’est précisément le coseigneur du lieu : Jean Flotte, calviniste convaincu, qui va être à l’origine d’un grave conflit qui aboutira à la destruction du village médiéval.
1522, la réforme
La Réforme est prêchée dans le diocèse de Gap, dès 1522, un certain nombre de troubles agitèrent la ville et les environs d’autant que de nombreux seigneurs et même certains prélats manifestaient des sympathies pour le nouveau culte. En 1563, le pape ordonna de faire un procès aux évêques apostats, dont celui de Gap, qui ne résidait même plus dans son diocèse. Les protestants de Gap se voyant menacés furent conduits par Jean Flotte, seigneur de Jarjayes, vers Corps, pour y retrouver d’autres protestants en fuite. En 1569, les habitants de Jarjayes avaient injurié et même blessé à coup de pierres, l’épouse de Jean Flotte et, sans doute pour protéger sa famille, en 1572, ce même seigneur fit établir le culte réformé dans le village.
Le massacre de la St.Barthélemy, au cours de cette année aggrava les tensions.
En 1574, la cathédrale de Gap fut endommagée et une partie de la population catholique massacrée. L’évêque Pierre de Chaumont fut attaqué et blessé, en pleine rue, le 25 octobre. En 1576, les catholiques des diocèses de Gap et d’Embrun, se regroupèrent dans la Sainte Ligue, commandée par l’archevêque Guillaume de Saint Marcel d’Avançon. Les protestants étaient dirigés par un chef militaire de valeur : François de Bonne, futur duc de Lesdiguières – natif de St.Bonnet en Champsaur, il rencontre, très jeune, Henri de Navarre (futur Henri IV) en 1576, il est désigné comme chef des protestants du Champsaur et lors de l’avènement d’Henri IV son autorité sur les Huguenots du Dauphiné est reconnue.
Le 3 janvier 1577, Lesdiguières prend la ville de Gap. Quelques dirigeants catholiques s’enfuient et se réfugient à Jarjayes, puis à Sisteron et à Embrun. La prise de Gap avait fait tomber tout le Dauphiné, la cathédrale devint le Temple St.Arnoux.
Sans doute irrité par le comportement antérieur des jarjayais, Lesdiguières entreprit, du 7 au 13 mai 1588, le siège du village car la forteresse l’inquiétait. Après 140 coups de canon, le château et l’église furent gravement endommagés et le village se rendit.
Les remparts furent démantelés, des années de ruine et de misère se succédèrent et le village ne put jamais se relever de ce saccage.
En 1644, l’évêque de Gap visite Jarjayes, il est reçu par le curé, constate la destruction presque totale de l’église et promet une réfection partielle.
En 1657, un document nous apprend que le village est divisé en quatre quartiers :
- la hauteur, le fossé, le fraisse et la rue basse du village.
Le lieu est assez actif pour que la tradition affirme qu’il s’y tenait des foires et un marché au grains.
Vers la fin du XVII ème siècle une nouvelle épreuve vint frapper le village, au moment de la guerre de la Ligue d’Augsbourg qui dure de 1688 à 1697 et qui regroupe la plupart des pays européens ligués contre Louis XIV.
En 1692, le duc de Savoie attaque et incendie Jarjayes.
Au début du XVIII° siècle, l’église change de nom, devenant St.Pierre et St.Martin fort endommagée elle fut en partie restaurée pour servir de « maison curiale » (presbytère). Après ce nouveau siège, le bâtiment est en ruines et il ne reste plus d’intact qu’une partie de mur où se trouve la porte d’entrée.
Ces pierres dominent toujours le village actuel, elles apparaissent au voyageur tenant de la vallée de la Durance ou de l’Avance, elles demeurent le rappel de la longue histoire de Jarjayes et restent la seule trace visible de son passé.
En 1868, le lieu est interdit et un nouvel édifice est bâti entre 1872 et 1874, sur un terrain donné par la famille De Ventavon, il conserve son nom et devient l’église paroissiale de Jarjayes dont le curé cumule le titre avec celui de Valserres.
L’Abbé Allemand, auteur de l’histoire de Jarjayes est curé depuis 1893.