Dans son « Histoire de Jarjayes« , l’abbé Félix Allemand nous apprend que le château moderne qui a remplacé l’ancien château situé sur les crêtes de Tréchatel a été construit à la fin du  XVIIème siècle dans le quartier du Collet. « Il forme une élégante maison moderne, avec une agréable vue sur la vallée de la Durance. Au devant s’étend une terrasse ombragée de tilleuls et, au dessous un vaste jardin. Au nord du château et y attenant , s’élève la maison fermière beaucoup plus ancienne que ce dernier et construite sur le modèle de la maison forte de la Tour » (F. Allemand-1895).

Mais la plus ancienne référence au château du Collet remonte au 15e siècle, à l’occasion d’une concession du 14 octobre 1494 « faite par le noble et puissant écuyer Pierre Flotte, coseigneur de Jarjayes, à Claude Chrétien, dudit lieu et à ses frères Jean et Bertrand, en emphytéose, de sa vigne sise au terrain de Jarjayes, au lieu dit en Arthamala, près du viol qui va vers la Val », suivant acte reçu par Maître Chérubin Jandreau, notaire apostolique et delphinal de la cité de Gap, qui précise que cet acte a été « fait hors du lieu de Jarjayes, au Collet, devant la maison dudit noble Pierre Flote, extra locum de Jarjaya, in colleto ante domum dicti nobilis Petri Flote » 

Georges de Manteyer qui a retranscrit cet acte dans son ouvrage « La Terre de Jarjayes en Gapençais » en 1946 a tenu à préciser dans une note en bas de page que « c‘est le site du château actuel, hors et au-dessous du village ».

Etait-ce le même bâtiment ? Y avait-il une maison qui a, par la suite, été agrandie, ou a-t-on construit un château plus moderne sur les bases de l’ancienne construction ?

Dans un autre document du 7 mars 1553, portant « hommage lige et serment de fidélité fait par Jean Clément, fils de feu Pierre, du lieu de Jarjayes, à noble Jean Flotte, seigneur de la plus grande part de Jarjayes, et serment dudit seigneur fait à son vassal de le protéger et défendre contre tous » il est indiqué dans l’acte de Maître Gaspard Queyrel notaire public royal delphinal de Gap «  Faict passé et publié au terroir de Jarjaies dans le chasteau dudict seigneur Jehan Flote appellé le Collet et la chambre plus aulte de dernier dudict chasteau ».

On peut donc en conclure, qu’il y avait déjà une construction au 15è siècle, agrandie et transformée en château par les seigneurs successifs, pour prendre sa forme moderne au début du 17ème siècle.

Le dernier seigneur de Jarjayes qui y habita fut Jean Antoine Tournu de Ventavon  qui avait acquis en 1787 la seigneurie de Jarjayes de François-Auguste de Reynier, dit « le Chevalier de Jarjayes ». La Révolution le priva de ses privilèges mais les terres et le château restèrent la propriété de sa famille jusqu’à la première guerre mondiale.

La veuve de M. Edouard TOURNU de VENTAVON, arrière petit-fils du précédent, juge à Grenoble (Joseph Emile Edouard Mathieu né en 1841 à Grenoble et décédé en 1899 à Digne), Marie FRAISSE, en hérita en 1899. Elle décède à St-Etienne le 9 juin 1916, après avoir institué pour légataires, conjointement entre eux, ses nièces Mme Madeleine FRAISSE, Mme Marie Marguerite FRAISSE et son neveu M. Henri FRAISSE à défaut d’héritiers réservataires. Après partage des biens issus de la succession, les terres de Jarjayes furent attribuées à Mle Madeleine FRAISSE, née le 16 mars 1879, célibataire sans enfants.

Cette dernière vendit le château et ses terres le 23 novembre 1923 à M. Daniel Marie Joseph VASSEUR, propriétaire à Jarjayes, qui le revendit le 13 octobre 1952 à l’Association d’Education Populaire de Saint-Roch créée par la Paroisse catholique du PONT-DU-LAS à Toulon.

Cette association a pendant plusieurs années utilisé le bâtiment du  château après l’avoir aménagé, comme centre de colonie de vacances pour les fillettes de la colonie de l’Espérance St Joseph de Toulon.

Le petit bâtiment isolé, appelé « Aumônerie » a été construit par l’association en 1966.

Après le départ des religieuses, vers la fin de la décennie 1970, le château fut occupé et pillé par des squatters sans scrupules  qui l’ont vidé de tout ce qui pouvait se vendre sur les marchés d’antiquités.

Pour mettre fin à ces trafics,  la commune de Jarjayes, représentée par son maire Louis GARAGNON, a racheté le château et ses terres le 19 septembre 1985.

Les municipalités successives ont par la suite aménagé le parc en espace de loisirs.

Les travaux de restauration du bâtiment représentant un coût  phénoménal que la commune ne pouvait assumer, le château proprement dit est aujourd’hui quasiment une ruine et le village est en passe de perdre le dernier fleuron  de la commune encore debout.

J. Samuel