L’ancien hameau de Malcor se situe dans le quartier de la Plaine et est délimité à l’Est par le ruisseau de l’Avance, au sud par la Durance, à l’Ouest par la départementale 942 qui relie la Drague au hameau des Tancs.
Selon la description de l’Abbé Félix ALLEMAND, » Malcor, dans la plaine, se subdivise en trois quartiers ou fermes : Malcor, l’Archidiacre et le Moulin ». (Histoire de Jarjayes 1895).
Origine du nom : Malcor ou Malcol ?
Le nom de Malcor apparaît pour la première fois dans un acte passé dans l’église de St-Thomas de Jarjayes en 1190 (actuelle chapelle de Trois-Châteaux), portant donation par « Beatrix, dame de Jarjayes, à l’abbaye de Boscaudon et à sa maison du Puy Saint-Maurice, du terroir de Malcor, entre l’Avance et la Durance, voisin de Valserres et de la terre des chanoines de Gap avec la faculté pour cette maison de faire paître de 450 à 600 brebis, ses bœufs et ses vaches sur le terroir de Jarjayes » (territorium quod appellatur Malcor). (Arch. Des H.A. 7E. G. de Manteyer La Terre de Jarjayes en Gapençais).
L’abbé F. Allemand précise dans son précis historique sur la Vallée de la Vence (l’Avance, affluent de la Durance, s’écrit aussi la Vance ou la Vence). que le « territoire s’étend de la Vence à la Durance, et joint à sa partie supérieure, le territoire de Valserres, et, à sa partie inférieure, la terre des chanoines de Gap (…) On remarque encore les restes d’un sentier par lequel les religieux communiquaient de l’une à l’autre de leurs possessions ».
Les religieux perdirent probablement le territoire pendant les guerres de religion (L’abbé F. Allemand. Les sources minérales dans les Hautes-Alpes (Bulletin de la Société des Hautes-Alpes 1904).
Le quartier fut un temps revendiqué par les deux communes voisines de Valserres et Jarjayes.
Une sentence arbitrale rendue à Jarjayes le 5 juin 1257 par « frère Monaud, de l’ordre des Mineurs (…) entre les seigneurs de Valserres, Guillaume de Saint-Marcel, Rodolphe de Savine, d’une part, et les seigneurs de Jarjayes, Arnaud (Flotte), moine, Lantelme de Saint-Marcel, Raymond (Flotte) de Jarjayes, tant en son nom que de sa nièce Raybaude, fille de feu Raybaud, et Bertrand, ses frères, d’autre part » précise que « le terroir de Malcol sera délimité par lesdits arbitres, assistés d’un laboureur des deux parts qui soit expert » (Item mandaverunt quod territorium de Malcor terminetur …) Arch. des H.-A-.: 7E. Jarjayes La Terre de Jarjayes en Gapençais. On note que dans sa retranscription du parchemin en 1944, Georges de Manteyer reporte le nom de « Malcor » sous la forme de « Malcol ».
La forme de « Malcol » se retrouve également dans le cadastre napoléonien de 1810 et dans plusieurs recensements du 19e siècle.
Dans les « Réponses de la communauté de Jarjayes », faites le 1er avril 1789 par les représentants de la commune, le hameau est orthographié « Marchol » (Bulletin de la Société des Hautes-Alpes 1886).
Le nom de Malcor apparaît également dans un acte de vente de 1680 par Antoine du Villard, à Pierre Gaillard, archidiacre de Gap, (voir plus bas le pont de l’Archidiacre).
Légende de la photo d’en-tête : Il s’agit d’une photo du Quartier de La Plaine prise en 1896 depuis le Plateau de La Roche.
On aperçoit au 1er plan l’ancien chemin de Jarjayes (CV n°5 aujourd’hui chemin de l’Ubac) qui rejoint la RD 942A (route qui monte au village de Jarjayes) au quartier de St Martin de Chaudanne. On reconnaît le Quartier de Malcor traversé par le torrent du Rotruc qui se jette dans la Durance, le lit très étendu de la Durance avant la construction du barrage de Serre-Ponçon, et au fond, sur le versant opposé, les villages de Piégut et Venterol (dans les ex Basses-Alpes). On peut également apercevoir sur la droite de la photo, le long de la RD 11 (devenue RD942) la maison de Pré Olivier, aujourd’hui à l’état de ruine.
Le Vieux Moulin :
De mémoire d’homme, il y a toujours eu un moulin en bordure de l’Avance juste en amont du lieu où la petite rivière se jette dans la Durance dans le quartier de Malcor, au lieu-dit qui porte le nom de « Vieux Moulin ».
Le moulin à eau est situé près du torrent le Retruc (ou Rotruc) qui se jette dans l’Avance. Il était alimenté par un canal d’amenée d’eau depuis l’Avance. Sur le cadastre de 1810, on trouve également un moulin à foulon, moulin qui sert à fouler les étoffes. Le bâtiment existe encore à l’emplacement de la maison située en bordure de la RD90 (direction Remollon), au début de la route des Gravas, quartier de Malcor.
A l’origine, le lieu s’appelait « Escharavays ». (étymologie : vient de scarabeus – scarabée – et désigne un bois situé dans un lieu marécageux – Revue Romania, tome 59 n°235, 1933 – persée.fr ).
Ainsi, dans cette « sommation » faite au lieu dit de Jarjayes, le 20 octobre 1386, « par Baudet Espagne, de Jarjayes, baile de noble et puissant Reybaud Flote, coseigneur de Jarjayes, à Isnard Maurel, meunier du moulin sis à Jarjayes, en Escharavays, qu’il tient en emphytéose sous le fief du précepteur de Saint-Martin de Gap, de l’ordre de Saint-Jean de Jerusalem, d’avoir à moudre pour ledit seigneur, sans percevoir de droit de mouture ainsi que ses prédécesseurs ont toujours eu l’usage d’en user, le blé qui lui est nécessaire pour six mois, à faute de quoi il se réserve d’en appeler la justice du conseil delphinal, le meunier se bornant à répondre qu’il tient son moulin pour ledit précepteur et non pour les seigneurs de Jarjayes ». (Archives des Bouches-du-Rhône-La Terre de Jarjayes – G. de Manteyer).
Sur le cadastre de 1810, on observe qu’il y avait sur place un moulin en fonctionnement, occupé par un meunier, Jean Queyrel. On trouve également un foulon également autrefois appelé moulin fouleur ou encore aujourd’hui, moulin à foulon. C’est un mécanisme hydraulique servant à battre ou à fouler la laine tissée (drap) dans de la terre à foulon (argile smectique) pour l’assouplir et la dégraisser. Le moulin était exploité par un ouvrier foulon ou foulonnier. Il pouvait aussi servir pour les cuirs et peaux ». (Wikipédia).
La profession de meunier se transmettait généralement de père en fils, et l’on trouve à Jarjayes, depuis le 18e siècle, une même famille de meuniers qui a exploité le moulin de Malcor jusqu’au milieu du 20ème siècle.
Voir notre article (à paraître) sur le moulin de Malcor et la dernière famille de meuniers.
Le Pont de l’Archidiacre :
Le Pont de l’Archidiacre n’est pas situé sur la commune de Jarjayes. Il relie les communes de Valserres et de Venterol (Alpes-de Haute-Provence).
Il fait toutefois partie du paysage du quartier de Malcor et de nombreux jarjayais pensent encore qu’il appartient au patrimoine de la commune.
Dans son Dictionnaire biographique des Hautes-Alpes, Félix Allemand nous apprend que « Pierre Gaillard, archidiacre de Gap, qui avait dirigé , de concert avec Soeur Benoite, la construction de l’Église du Laus (1666-1680), fit ajouter, vers 1677, à l’église les deux chapelles latérales. Il avait auparavant acheté en 1676 de Louis de la Poype, président au parlement de Grenoble, le droit de reconstruire l’ancien pont sur la Durance, à Malcor, et d’affecter les droits de pontonage aux deux constructions projetées ». Dictionnaire biographique des Hautes-Alpes : avec bibliographie, armoiries, sceaux & portraits / F. Allemand
En effet, « le 14 juin 1680, Pierre Gaillard, acquiert d’Antoine du Villard, une vigne et un verger, situés à Malcol, au prix de 900 1ivres, et, peu de temps après, il donne le prix fait de la construction d’un pont sur la Durance. Il est dit dans l’acte reçu par Thomé, notaire à Valserres, qu’il existait autrefois un pont en cet endroit, mais qu’ayant été détruit pendant les guerres religieuses, il n’avait plus été rétabli. Quand à celui de messire Gaillard, qui prit le nom de Pont-de-l’Archidiacre, ayant disparu à son tour, il a été reconstruit dans notre siècle (le 19ème) sous le même nom ». Histoire de Jarjayes F. ALLEMAND 1895 .
Le pont de L'Archidiacre
Vers 1900. Carte postale V. Fournier Edition.
Au second plan, le quartier de Malcor et la montagne sous la Roche.
L’ancien pont, reconstruit en 1864 sur le modèle des ponts suspendus de la Durance, a été démoli en 2009 et remplacé par un pont plus moderne et plus solide. Mais qui n’a certes pas le même cachet !
Le cadastre en 1810 (cadastre Napoléon) :
LIEN vers le plan napoléonien des Archives départementales (cliquez sur ce lien pour accéder au plan cadastral de 1810 et visualiser les lieux habités).
Voici les propriétaires des maisons existantes en 1810 :
Hameau |
Nom |
Ref Cad |
Nature |
Malcol |
Garagnon Pierre |
C 976
|
Maison
|
Queyrel Jean Meunier à Jarjayes |
C 992
|
Maison
|
|
Vernis Joseph Bernard |
C 998
|
Maison
|
|
Cartier du Moulin |
Queyrel Jean Meunier à Jarjayes |
C 749
|
Moulin
|
Pré Olivier |
Tournu de Ventavon Henri et Xavier |
C 649
|
Cour
|
Notons la présence à cette époque de la maison de Pré Olivier qui est la ruine située en bordure de la départementale (à gauche après le pont qui traverse le torrent du Retruc (ou Rotruc) en allant vers le carrefour de la « Patte d’Oie »).
Celle-ci appartenait à la famille des derniers seigneurs de Jarjayes, Xavier Tournu de Ventavon, colonel des gardes nationales de l’Empire et son frère Henri, Capitaine au Régiment du Médoc.
Aujourd’hui, ne subsiste de cette maison qu’un tas de ruines.
Le pas à pas :
Depuis la Madeleine, prenons la direction de « Valserres » pour atteindre le quartier dénommé « Les Manes » comme le Ravin qui le traverse. Sur la Droite, « La Drague», qui abrite aujourd’hui encore, une entreprise de matériaux de construction, à gauche une maison d’habitation et le chemin du « Gourgoulet », le CR 23 qui relie la RD 900b à la RD 942 en passant derrière le Marché Paysan.
Nous sommes au carrefour dit de « la Patte d’Oie ». En continuant tout droit au niveau de la bifurcation et en laissant à gauche la D 942 qui nous mène à Valserres (Val pour vallée, serres pour montagnes), nous prenons la direction de Remollon, tout droit, de Venterol et Piégut (04), sur la droite en traversant la Durance par « le pont de l’Archidiacre ». Avant cela, nous nous trouvons dans le quartier de «Malcor», avec à droite un chemin en cul de sac qui nous conduit à plusieurs habitations pour trouver au bout, une ancienne exploitation agricole bordée par la Durance, reconvertie en gîtes, chalets d’hôtes. A gauche pratiquement en face, une petite route dite « les Gravas », appelée autrefois « chemin allant au Vieux Moulin », qui rejoint la route de « Valserres » évitée précédemment. En entamant la route de Gravas, tout de suite à gauche « Le Vieux Moulin » une maison d’habitation, à droite juste en face une menuiserie-fabrique de meubles. Quelques dizaines de mètres plus loin, une deuxième route en cul de sac qui mène à une ancienne exploitation maraîchère.
Poursuivons notre chemin sur la route des « Gravas », qui longe le torrent de « Rotruc » ou « Retruc » de part et d’autre des vergers pour déboucher sur la RD 942 et qui nous permet par la droite de rejoindre le carrefour des « Tancs » et « Valserres », soit de prendre tout droit, en traversant la route, pour rejoindre Saint Martin par un chemin dit de « l’Ubac » (CD5, ancienne route de Jarjayes). Revenons au Marché Paysan et prenons la route qui nous mène à Valserres. A gauche le chemin du « Gourgoulet », en face à droite « Pré Olivier » (ruine), toujours à droite le chemin des Gravas et en face le chemin de l’Ubac qui part de « Pont Vert » pour rejoindre Saint Martin. Passé le chemin des Gravas, toujours à droite , « Les Gravas », « les Clots », « Cartières des Gardes », « les Sarrets »,« Bridouce », en dessous de Bridouce, le Moulin, et avant d’arriver aux Tancs ,« Pendant ». Revenons à Pont Vert quelques 200 m plus loin sur la gauche, surplombant la route quelques habitations, plus loin, toujours à gauche, le raccourci de « Chaudane » qui nous conduit à Jarjayes sans passer par le carrefour des Tancs. Après Bridouce, Le Pendant ou Pandant », nous avons « Gouzarde » à gauche, bordée par le raccourci de « Chaudane » la RD 942 et par « Bigaude et L’Hoche ».
J.S/M.C
Bibliographie
Histoire de Jarjayes F. Allemand 1895;
G. de Manteyer La Terre de Jarjayes en Gapençais;
Tabl. hist. des Hautes-Alpes, par M. J. Roman;
Bulletin de la Société des Hautes-Alpes;
Mémoires au procès Reynier;
Arch. des H.-A.: 7 E. hommages des seigneurs, chartes et autres documents.
0 commentaires